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    Un voyage insolite à bord de la BMW R18 Transcontinental

    Par Laurent Cochet | 07 juin 2022 | 1 min
    Moto: BMW R18 Transcontinental
    Kilométrage: 4.500 km
    Difficulté: de la route hyper accessible à tous
    Durée: 14 jours
    Période de l’année: road trip fait en mars mais à faire plutôt à partir de mai
    Météo: beau avec seulement deux jours de pluie
    Températures: 0° dans les hauteurs de montagnes corses, jusqu'à 20° en bord de mer
    Équipement essentiel: Veste et pantalon qui soient aussi à l'aise par temps froid que par temps chaud. L'ensemble Antartica s'est révélé incroyablement efficace dans ces conditions. J'ai adoré ses inserts étanches façon combinaison de plongée à la liaison pantalon/bottes et poignets/gants qui m'ont protégé pendant tout le trajet. Mention spéciale aussi à la petite veste polaire qui tient très chaud et peut être utilisée seule en veste du soir. Côté gants, les poignées chauffantes de la BMW font que j'ai utilisé des modèles mi-saison, les Athene Tex Gloves.

    Laurent Cochet

    L'auteur

    Passionné de moto, de voyages et de rencontres en France et autour du Monde, j'ai un jour trouvé trouvé l'alchimie pour marrier à la perfection ces trois éléments: raconter des histoires. Que ce soit par écrit en publiant des livres, en écrivant sur Facebook/Instagram ou en réalisant des vidéos sur You Tube, je suis avant-tout un conteur d'histoires.

    A l’heure où tout le monde se met au trail, à l’heure où tout le monde cherche quel meilleur pneu off road pour franchir des ornières remplies de boue. A l’heure où vous n’hésitez plus à publier sur les réseaux sociaux des photos/vidéos de tes plus belles gamelles en chemin, et bien moi, j’ai décidé de vous emmener ailleurs. Sur une autre piste. Presque évidente, bien tracée et qui semble pourtant aujourd’hui déserte, je dirais même presque oubliée. 

    D’ailleurs, plutôt que de vous y emmener, je pense que le terme exact est plutôt d’y revenir. Revenir (entre deux aventures bien extrêmes) vers l’aspect épicurien du voyage. Vous vous souvenez, le confort ? Oui, je sais, c’était avant. 

    Vous savez, le truc que tout le monde réclamait absolument et il y a encore 10 ans sur une moto. Ne pas ressentir la pression du vent, ne pas avoir mal au cul, aux bras parce que le guidon est trop ceci, aux jambes parce que les repose-pieds sont trop cela. Et gnagnagna, et gnagnagni ! Vous vous rappellez ? Vous savez ce qui a abouti à d’incroyables motos comme la K1600GT ou la R1250 RT. Vous imaginez la tête des ingénieurs quand après avoir réfléchi à des cahiers des charges aussi pointus et exigeants, quand on leur a expliqué que la mode était désormais (presque) à la simplicité et au dénuement ? 

    Alors l’espace d’un instant, d’un Road Trip, j’ai eu envie de revenir à l’aspect épicurien du voyage. Car finalement, tout le monde ne roule pas en trail et ne se roule pas forcément par terre tout le temps. Loin de là. Je vais donc vous parler confort, accueil, savoir vivre, protection et pourquoi pas même, un peu de musique à bord délicatement ?!? Et non, mon compte n’a pas été piraté, c’est bien moi Lolo, qui vous parle. J'aime bien vous bousculer, vous déranger! Pile au moment où vous vous sentiez bien à l'aise avec moi! L’espace d’un Road Trip, j’ai donc jeté mon dévolu sur ce qui se fait en ce moment de plus sculptural, de plus phénoménal dans la moto, la BMW R18 Transcontinental. 

    La BMW R18 Transcontinental long du sentier des douaniers, le point le plus au nord de la Corse
    La BMW R18 Transcontinental long du sentier des douaniers, le point le plus au nord de la Corse

    427 kilos avec les pleins, 203 kilos de charge utile. 1802 cm3, 16 mkg de couple, 1695 mm d’empattement, un écran TFT mieux que ta TV 8K incurvée qui fait ta fierté lorsque vous recevez ! 1,69 m d’empattement, 2,6 de longueur totale, une sellerie cuir, un ensemble audio Marshal. En termes de promesses de confort, ça pose une moto non ? Et j’en fais quoi de ma Transcontinental ? Avec un nom aussi évocateur, je me suis longtemps posé la question ! Amérique, Antarctique, Océanie, Asie ? Pas simple en ce moment. 

     

    Une traversée continentale... en France 

    Et puis, en fouillant un peu en me montrant un peu curieux, j’ai découvert un truc. « Un continent est une grande étendue de terre émergée, considérée comme une partie du monde et à laquelle on rattache les îles proches. » affirme mon ami Wikipedia. Ha bon ? Vous êtes sûrs ? Du coup, je suis allé jeter un œil à la définition d’une île (l’esprit de contradiction sans doute). « Au sens commun ou scientifique, les îles ne font pas parti des continents puisque leur territoire n'est pas continu avec celui du continent. Elles sont donc habituellement considérées comme appartenant au continent dont elles sont le plus proches. » Voilà, je le savais, j’en étais sûr. Les îles sont des continents! C'est juste par commodité ou fainéantise qu’on considère l’inverse ! 

    Du coup, de façon unilatérale et désormais sans doute aucun, mais aussi parce que ça m’arrange, j’ai décidé de vous’emmener dans mon voyage transcontinental à moi. Au fil d’une longue route, au fil de l'eau, au fil de l’île et surtout de la visite de plusieurs îles ! Tiens, si demain vous deviez faire le tour des îles bordant la France, vous iriez où ? Vous prendriez quelle route ? En attendant vos conseils, je remets un peu de volume à l’ensemble Marshal pour mieux m’imprégner de « il voyage en solitaire » d’Alain Bashung! 

     

    Une moto conçue pour les longues distances 

    J'ai cherché. Un peu. Partout. Pas loin de mes bureaux, y'avait bien l'île Saint Germain, l'île Monsieur, l'île de la Jatte, l'île aux impressionnistes, l'île Saint Louis. Toutes sur la Seine ET circulables à moto. Un peu plus loin y'avait même L'île et Vilaine (faute d'accord) mais disons que ça devenait plus du foutage de gueule qu'une quête digne de Camelot! 

    Alors j'ai fui ! Fui l'Ile de France pour enquiller l'autoroute A13. Tiens, vous avez souvent tendance à croire que j'ai tout fait, tout essayé mais j'ai sursauté deux fois sur la R18. La première quand sa vitesse s'est mise à décroître alors que je cruisais pépère à 130 au régulateur ... le régulateur adaptatif venait d'intervenir avec le véhicule de devant. Il existe d'ailleurs un mode d'intervention "confort" et un autre plus dynamique. Efficace. La deuxième surprise fut quand j'ai touché par erreur le bouton des longues portées. Tout s'est éclairé autour de moi, j'ai cru qu'un A380 était en train de m'aterrir dessus tellement ça éclaire ! Faut pas me donner autant de modernité d'un coup, ça me déconcerte. 

    J'ai conservé le régul à 130, soit 2.800 tr/min ! Ouais vous avez bien lu. L'énorme flat a le cœur d'un marathonien. Il respire sur de longues foulées, tranquilles, dans la durée ! La nuit était tombée ! J'ai mis trois points sur les poignées chauffantes. J'ai pas trop insisté sur la selle chauffante parce que bon... j'vous raconterai une autre fois! 

    J'ai fait joujou avec les cartographies du flat. Le mode Rain est presque inutile tant il vous prive du sale caractère de boxeur de foire du moteur. Le mode "Roll" est bien plus sympa. Quand au mode "rock", on est sur du lourd avec une sonorité hyper flatteuse (normal) et des reprises incroyables pour mouvoir ainsi 420 kilos de moto plus 75 de pilote. Comme tous les gosses, j'ai à peine découvert un jouet que je m'intéresse au suivant. Ça tombe bien. Y'a une petite jauge au tableau de bord qui s'appelle le "Power Réserve". 

    Un petit clin d’œil de BMW à la marque Rolls-Royce qu'elle possède également (Le power reserve remplaçant le compte-tours dans toutes les Rolls). Le Power réserve indique le % de puissance restant à l’instant T. Résultat? Ça sert à rien mais vous ne pouvez pas vous empêcher de jouer avec ... avec un immense sourire béat et niais. Vous testez plein de choses. En mode rain. En mode rock. Et si j'accélère à fond? Et si je rentre un rapport ? Et si je double ? Autant de questions ultra philosophiques (mais pleines de réponses, contrairement à la philosophie) qui suffisent à me remplir de bonheur! Ce que je peux être basique mais ... ça me va ! 

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    Terres oubliées 

    J'aurais pu aller jusqu'au bout du monde comme ça mais je vous rappelle que ce que je cherche avant-tout un autre continent lorsque ... j'ai vu passer un panneau "presque île du Cotentin". Presque, presque ... ils ont du mal chercher! J'ai tracé presque jusqu'au bout. Tout au bout. Jusqu'à St Vaast la Hougue, élu village préféré des français en 2021 ! Bon. Soit. Si ils le disent. 

    Ça m'a intrigué, une telle ferveur! En fait, c'est un truc imaginé par Stéphane Bern qui sélectionne quelques villages et te propose d'appeler à 80 centimes la minute pour voter! Pourquoi pas. En tous cas, on ne pourra pas reprocher aux Saint Vaastais de ne pas savoir mobiliser leurs troupes, de ne pas être chauvins ou d'être pingres. Oui parce que clairement, sur un plan national, qui connaît le Cotentin ? Personne. C'est juste l'excroissance que vous oublieztoujours de dessiner lorsqu'en cours de géographie, on vous demandait de tracer les contours de la carte de France. 

    Et plus tard, cette ignorance a continué. Pourquoi ? Parce qu'il n'y aucune chance que vous passiez par le Cotentin. Très exactement, vous ALLEZ dans le Cotentin. C'est un choix, car au bout il n'y a rien et vous êtes obligé de faire demi tour. C'est donc que vous aviez quelque chose à y faire. Cela étant dit, avec son port croquignolet, son épicerie Gosselin, ses tours Vauban, Saint Vaast mérite largement son titre et le détour ! J'ai coupé le contact à 21 h, jeté mon dévolu sur une petite auberge, dormi comme un loir (je déteste cette expression depuis que je les entends circuler dans mes combles) et me suis levé le lendemain de bonne heure pour partir à l'assaut de l'Ile de Tatihou. 

    Oui je ne vous ai pas dit. En entrant dans St Vaast, juste derrière le gros panneau "village préféré gnagnagna" y'en avait un autre qui indiquait "Île de Tatihou". Mon imaginaire a tout de suite projeté plein de choses. Tatihou, Tahiti, c'était pas si loin en consonance. Sauf que les îles, ça peut aussi bien être synonyme de vacances que d'enfer. Pour Tatihou, c'est plus ce dernier cas. Tatihou a servi de lieu de quarantaine pour les équipages venant de la mer du nord pendant la peste, de camp de prisonniers de guerre allemands pendant la deuxième guerre mondiale, de centre de rééducation pour ados en difficulté ! Comme on n'y accède que à marée basse à travers des parcs à huîtres, les ados fugueurs étaient vite repérés et récupérés. Vous pensez bien qu'un tel havre de paix ne pouvait que m'attirer pour enfin passer sur ma première île, mon premier continent, avec ma BMW R18 Transcontinental. 

     

    Sauf que vous n’avez pas le droit d'y aller en véhicule motorisé. C'est con. Je pense que c'est juste parce qu'ils ont jamais essayé. Je me serais bien vu tenter l'aventure moi. Y'a bien un bateau amphibie à roulettes qui vous y emmène, pourquoi pas ma R18 ? J'ai pas fait mon mauvais perdant ! Parce que je charrie depuis le début mais j'adore le Cotentin. 

    Vous voulez des preuves? Faute d'île et de continent, j'ai traîné mes guêtres du côté de Réville et son bunker repeint en forme de crocodile, gueule grande ouverte tournée vers la mer. Barfleur, le phare de Gatteville, L'anse du Brick et sa petite forêt digne de Brocéliande, la rue du Nez et sa digue malmenée à chaque tempête à côté de la superbe plage de Nacqueville et ses maisons aux charmes victoriens, le phare de Goury. Le port Racine, plus petit port de France, les dunes de Biville ... franchement, ne viens pas ! Vous risqueriez d'aimer et il y aurait du monde. Ça serait dommage. 

    Posé en bord de mer, à l'abri du vent entre deux dunes, j'ai avalé une douzaine d'huîtres de St Vaast, et jeté un œil à la carte. Ok, j'avais échoué dans ma découverte de continents mais j'étais encore plein de ressources. Il était déjà 20 heures, Nantes (ma prochaine étape) n'était qu'à 366 kilomètres, soit 3 heures 40 de route. Du bout des doigts, j'ai fait rouler la molette de commande du tableau de bord, je me suis arrêté sur du Jack White, j'ai savamment monté les rapports jusqu'à la six et profité de ce bon moment, bien à l'abri, alors que dehors il faisait un temps de chien! Faut pas croire, j'ai l'air souvent maso dans mes vidéos mais j'aime aussi lorsque tout est simple. 

      

    Notre (le mien et celui de la R18) premier continent 

    C'est fait. Après mon cuisant échec de Tatihou dans le Cotentin, j'ai enfin réussi à changer de continent avec ma BMW R18 Transcontinental ! J'ai enfin réussi à atteindre une partie de terre émergée. L'île d'Yeu ! 

    Rien à voir avec Ré, Oléron, Noirmoutier ! Non, ici pas de pont et forcément peu de tourisme. À cette époque de l'année en tous cas! Yeu est une île de 23 km2 et tout au plus 5.000 habitants. De nombreuses routes qui finissent en chemin carrossables. De vrais points de vue sur l'Atlantique. La seule ligne droite permet tout juste de passer la 3, et encore. 

    Le phare du Port de la Meule sur l'ile d'Yeu. En y grimpant, vous pourrez également dominer la superbe chapelle Notre Dame.
    Le phare du Port de la Meule sur l'ile d'Yeu. En y grimpant, vous pourrez également dominer la superbe chapelle Notre Dame.

    Pas de vraie grande marque de station service et un Sp95 à 2 euros 50. Tout ce qui arrive ici, transite par l'Insula Oya II, un navire marchand au charme désuet des années 80. Honnêtement, quand vous voyez débarquer les gens à Yeu, vous avez l'impression que tous sont en quête de quelque chose. De s'isoler, de faire le point, d'écrire leur prochain roman, de peindre leur prochaine toile. Ou d'échapper un instant à la folie du monde! 

    Là, vous me direz mais que faisait un bourrin comme moi là-bas? Justement! Le dépaysement, la sensation de voyage lointain avec ma Transcontinental à seulement une heure quinze de navire marchand. "L'aventure" commence à 5 heures du mat du côté de Nantes. Pas le temps d'avaler un petit dej, de toute façon, la dame de l'accueil a pas voulu m'offrir un pain au chocolatine, au prétexte minable que j'avais choisi "Ibis Budget" et pas son voisin immédiat "Ibis Style". La pingrerie n'a pas de limite. 

    Il fait un temps maussade, je replie un peu les épaules, rentre la tête et file sur Fromentine, port d'embarquement. 7h00, on me fait signe d'avancer sur le quai. Oui je sais ! Une grande rampe se déplie sur le côté du bateau, on me fait signe de grimper à bord. La rampe métallique est ultra glissante, j'assure mes appuis. J'arrive sur un monté charge. 

    Du haut de sa commande, un type actionne l'ascenseur qui me fait descendre en cale. Le même type accroche ma moto aussi précautionneusement que si ça allait tabasser force 10. Je monte deux étages. Pas de bar, pas de casino, juste de vieilles banquettes marron au cuir élimé. Je prends appui sur mon sac vidéo et en profite pour finir ma nuit. 

    Je vous jure que j'ai la sensation d'être parti pour une traversée de l'Atlantique en cargo. 6 150,492 km en huit jours a une vitesse moyenne de 35 km/h! 

    Le doux ronronnement des deux gros moteurs AGO de 2.000 chevaux chacun, me berce. Cette force à la fois surhumaine et tranquille me fait penser à ma Transcontinental. Certains commentaires disent pourtant que cette moto est trop lourde. Qu'un custom, c'est pas une moto. Que quand on a les moyens de se payer une telle meule, on n'a pas soif de vraie aventure mais d'hôtels luxueux ! Ha merde, on en est encore là des divisions du monde motard et du monde tout court? 

    Comment choisir le casque idéal

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    Moi je vous invite à essayer un jour un Power Cruiser comme la Transcontinental. Et pas vite fait, sur une heure stp ! 1.800 cm2 logé dans deux cylindres. Deux pistons de 107 mm de diamètre sur une course de 100 mm, ça ne peut produire que des sensations, du couple bien gras et sale. Si vous n’êtes pas sensible à ça, je ne peux plus rien pour vous Ha oui, il y a le poids de la bête : 420 kilos. Le seul moment décisif reste lorsqu'il faut faut la relever de la béquille. 

    Pour ça une astuce: toujours guidon braqué en butée de direction sinon c'est le déséquilibre assuré. Une fois en route la moto ne pèse plus rien. Les demi-tours ? Un peu de frein arrière (difficile à attraper, c'est un des rares reproches que je ferai à cette moto), point de patinage et dosage des gaz et ça passe tout seul. Comme au permis quoi ! 

    Le mieux que j'ai lu ? "Quelques kilos en plus en c'est une bagnole. Pour le coup, ça, c'est un vrai compliment. Vous connaissez la Donkervoort? 415 chevaux, 700 kilos. Si c'est ça, se rapprocher d'une bagnole, je veux bien ! J'abuse un peu mais j'essaie de me mettre à la place d'une clientèle qui aime fondamentalement ce genre de motos. Pourquoi seraient-ils des motards à part ? Au contraire: quand vous roulez bien avec un tel gabarit, c'est la preuve que vous maîtrisez à merveille tous les fondamentaux de la conduite moto. 

    L'Insula Oya II beugle deux coups de "corne de brume", l'île d'Yeu est sous mes yeux. Première, je m'extirpe gentiment de ma torpeur. J'ai du boulot pour vous filmer cette belle île et vous rendre compte mais Yeu m'invite aussi à prendre le temps. L'Amie Câline (grande boulangerie sur le port) est ouverte, je lorgne sur un maxi pain au chocolatine quand le patron, Benjamin... n'en revient pas :"Lolo, qu'est ce tu fous là". 

    Vous imaginez ? Les mecs sont tellement persuadés d'être seuls sur leur île qu'ils n'imaginent même pas que je puisse m'y intéresser. Bien au contraire ! On palabre, Benjamin m'offre le pain au chocolatine. Merci ! Il en est sûr, on va se revoir. C'est pas une prévision de Nostradamus, juste le fait que sur une île de 9,8 km sur 3,9, vous croisez forcément les mêmes personnes dans la même journée. Plusieurs fois. Cette idée va d'ailleurs me suivre et se vérifier toute la journée. 

     

    Artistes et imprévus 

    Je file vers la pointe du But, le Caillou Blanc, le vieux Château, le tout petit Port de la Meule. Là, sur un chemin de terre (oui la Transcontinental sait aussi le faire) j'aperçois la silhouette d'un type qui effectue une sorte de danse face à la mer. Face au vent et aux vagues qui s'écrasent avec force sur les rochers. Je ne saisis pas l'affaire tout de suite. Il me fait penser à un chef d'orchestre devenu fou et qui maîtriserait les éléments déchainés. Non. En fait, il tient à la main un pinceau qui, le fait est, aurait pu être sa baguette. 

    Pinceau en l'air, tournoyant sur lui même, il cherche l'inspiration pour la prochaine touche délicate qu'il va apporter à une peinture qu'il est en train de réaliser et qui repose face à lui sur un chevalet. Je me fais discret. Je n'aimerais pas perturber ce moment. Bien que très résidentielle en ce son centre, l'île d'Yeu conserve réellement quelque chose de magique. Plein de plages, de sentiers, de falaises désertes! Sur l'ensemble Marshall de la Transcontinental, je m'envoie du Mumford and Suns (Holland Road - non pas pas le président) et je me mets à chanter: mal, seul mais comme un fou. C'est sûr. Ici, y'a un truc bien autre que le Covid qui est contagieux et c'est bon ! 

     C'est fait, j'ai trouvé ! J'ai trouvé comment gagner du temps. Une bonne intoxication alimentaire. Hé, ho, ça va hein. Servir un aliment avarié depuis deux ans, ça peut arriver à tout le monde. Du coup, voilà trois jours que j'ai perdu toute confiance et que je ne mange quasiment plus. 

    Ce qui me permet de gagner énormément de temps car plus bordélique que moi, c'est difficile. Je vous explique. Je suis parti de Paris pour rejoindre Cherbourg. Jusque là tout va bien. Sauf que j'ai cassé une caméra 360 (encore!). Du coup, je me suis dit: "fais toi la livrer sur ton chemin, sur Nantes.". Sauf que le lendemain, je m'aperçois que la seule solution pour aller à Yeu, c'est demain. En effet, pas de navire marchand le week-end et il aurait fallu que je reste quatre jours sur l'île. Impossible. Je fonce donc sur l'Ile d'Yeu, bien plus au sud que Nantes ! 

    En sortant de l'île. Je descends dormir sur Rochefort pour ensuite m'apercevoir que non, c'était mieux d'aller de suite à Noirmoutier pour des questions d'horaires de marée et de lumière pour vous filmer tout ça. Ensuite seulement, je suis retourné chercher ma caméra à Nantes. Vous vous en foutez ? Moi aussi mais pas complètement. Ça m'a permis de tester le confort de ma Transcontinental. Car la Transcontinental, de tout ça, elle aussi, elle s'en fout, 2.000 kilomètres déjà (là où un mec normalement constitué en aurait fait un peu moins de 1000) qu'elle m'offre son assise remarquable, ses suspensions bien amorties et sa position de conduite vraiment sénatoriale. En revanche, comme sur toutes ces machines, la pluie a tendance à s'accumuler sur le pare-brise, ce qui peut être gênant en conduite de nuit. Mais là, rien à y faire. À part rouler à la confiance ...que j'ai perdue je vous le rappelle ! 

     

    La Transcontinental fait du tout-terrain 

    J'en étais où des mes îles moi? Ha oui. J'ai repéré l'ile Madame. Un tout petit bout de caillou émergé de l'eau à quelques encablures de l'île d'Oléron. Environ 900 mètres de long sur 400 de large. On y accède par le petit village de Port des Barques, mais surtout par un chemin fait de sable et de cailloux, dénommé la passe aux Bœufs. À marée basse forcément sinon ce serait pas une île. J'ai tenté ma chance avec la Transcontinental. J'ai un peu lutté pour ne pas me bourrer dès les premiers mètres dans une partie de sable un peu plus profonde au début, puis me suis engagé sur le petit kilomètre qui me séparait de Madame. 

    Ensuite, ça va, c'est stable. Vous me direz pourquoi aller sur cette île par un chemin instable avec une moto de 400 kilos ? Justement parce qu'avec un Trail, la tentation eut été forte de mettre un peu de gaz. Sauf que l'endroit est hyper protégé et que les véhicules y sont juste tolérés. L'île est super mimi, elle inspire au calme et à la tranquillité: un fort, un camping, une ferme acquacole et surtout une absence totale de monde. 

    Sauf qu’en fouillant dans l'histoire, on s'aperçoit que nos ancêtres n'avaient, soit pas la même conception des vacances sur une île que nous, soit pas la même idée du tourisme. Avant, une île, ça servait de dernier rempart de défense ou d'endroit punitif. Du coup, sur l'île Madame, y'a un fort qui participait au système de défense de la rade de Rochefort pour protéger son Arsenal militaire. Mais Madame, c'est aussi et surtout une immense croix faite de galets, marquant l'endroit où furent ensevelis des prêtres réfractaires à la nouvelle Constitution en 1794.À Madame, on y envoya aussi en "vacances" quelques Communards de Paris, afin qu'ils profitassent du bon air vivifiant local, tout en creusant un puits de 20 mètres de profondeur histoire d'avoir de l'eau potable ! Charmant ! 

    C'est con, l'île était vraiment belle. Je me serais bien laissé enfermer par la marée pour y bivouaquer mais toutes ces histoires à dormir debout, ça m'a refroidi ! Du coup, j'ai filé, direction l'île de Noirmoutier. Après Tatihou, Yeu et Madame, j'avoue que je verse davantage dans le tout-venant. Ne vous fâchez pas. Avec leurs ponts, Oléron, Ré et Noirmoutier ont forcément davantage subi les assauts du tourisme et des résidence secondaires. C'est moins mon kif, c'est comme ça. 

    Les sublimes Gorges du Niolu dans le Cap corse.
    Les sublimes Gorges du Niolu dans le Cap corse.

    Passage du Gois 

    Mais moi, j'avais un truc à régler à Noirmoutier. Avec le fameux passage du Gois. La dernière fois que j'y suis venu, c'était ... il y a dix ans. La veille de ma chute à moto dans le port. J'y avais fait une image assez étonnante de la marée qui montait au galop et de moi qui sortait de l'eau au dernier moment avec la moto. Le sort fera que vous ne verrez jamais ces images. Mais j'avais aimé l'endroit et je voulais vous filmer ça à nouveau. Comme ça, le Gois peut ressembler à une attraction pour touristes en mal de sensations demi fortes. Les autres plus normalement constitués y verront une splendeur de la nature ensuite renforcée et empierrée par la main de l'homme. 

    Si vous êtes raisonnable et que vous le passez aux bons horaires, pas de souci. Mais les images de véhicules emportés par les eaux ne manquent pas. Car le Gois, c'est 4,125 kilomètres, pouvant être recouverts d'une hauteur d'eau de 1,30 mètres à 4 mètres en un rien de temps si vous n’êtes pas vigilant. Et aujourd'hui, on était sur une des plus bas coefficients de marée. La veille, personne n'était passé. J'y suis allé, j'ai guetté, attendu. Longtemps. J'ai même perdu espoir quand là, tout au loin. Des phares au milieu de l'eau. On aurait dit un mirage, une hallucination. 

    En plein milieu du Gois, un véhicule semble flotter, ou plutôt fendre l'eau de sa travée. Impossible, y'a trop d'eau! Mais non, le véhicule avance vers nous. De ce côté du Gois, tout le monde en est resté coi de cette histoire du Gois! Mais que va t-on voir débarquer ? Batman dans sa batmobile? Indiana Jones? Le monstre de l'Atlantide? Non. Un bon gros parigot en Range Rover qui avait décidé que ça passait. Là maintenant. J'imagine Marie Chantale hurlant, à bord, que c'était dangereux alors que Jean-Hubert affirmait que c'était con de ne pas gagner ce petit quart d'heure plutôt que de passer par le pont avec tous ces cons. Que sinon, les huîtres ramenées dans le coffre de Rungis, allaient réchauffer. Et puis sinon, à quoi peut bien servir ce 4x4 Marie-Chantale? Vous pensez que je force le trait ? Sur les prénoms forcément, mais en zoomant sur la caméra, je pense que j'aurais largement pu distinguer le sourire satisfait du bonhomme et les ongles de madame plantés dans le cuir fine fleur de son sac à main posé sur ses genoux ! 

    La caisse est sortie de l'eau sous les yeux médusés des habitués qui ont attendu sagement un bon quart d'heure de plus avant de s'engager. Le créneau horaire était faible mais jouable. J'ai mis mon drone en l'air et lui ai demandé de nous suivre, la Transcontinental et moi. 18h50, la lumière hésitait entre chien et loup. C'était somptueux, exactement comme je l'avais imaginé. J'ai fouillé dans la playlist et trouvé les Waterboys, "I Wish I was a fisherman". Tranquillement, du bout des doigts et sur un tempo celte bien enlevé (le bord de mer me faisant tendre vers ces inspirations et aspirations) j'ai traversé le Gois, serein, zen, 10 ans après cette sale histoire en compagnie de ma Transcontinental! Et c'était bon ! 

     

    Enfin la Corse  

    L'ultracrépidarianisme, vous connais ? C'est un mal assez redoutable qui sévit en France. Les premiers cas (ça n'existe que chez l'homme) seraient apparus au Moyen-Âge. Peut-être tard le soir, lors des discussions autour de l'âtre central de la maison. Mais, l'épidémie aurait flambé dans les années 1600 avec l'ouverture des premiers bars, le Procope à Paris pour être plus précis. Autour du fameux zinc, du petit blanc et du "allez René, un p'tit dernier pour la route, histoire de pas partir sur une seule jambe", le phénomène a pris une ampleur considérable. Mais c'est avec l'avènement d'Internet que ce mal est devenu mondial, voire carrément incontrôlable ! 

    Ha oui, mais je suis con, je vous ai pas dit. L'ultracrépidarianisme consiste à ... donner son avis sur tout et n'importe quoi sans avoir aucune légitimité ni argument fondé ou prouvé sur le sujet. Ça commence souvent par: "j'ai lu que ...", "on m'a dit que" ou "il parait que". J'en souffre, parfois ! Mais j'en ai conscience alors souvent je me dis "fais gaffe à ce que tu dis ou écris". Sauf que là, j'ai pas assez réfléchi avant. Je suis parti tête baissée (mais quand même bien protégée par la bulle de ma Transcontinental) visiter un maximum d'îles au prétexte qu'une île serait bien un continent puisque c'est une partie de terre émergée de l'eau. 

    Et cet incroyable road trip a forcément pris la direction de la Corse. L'endroit même où (surtout en ce moment) il ne faut pas trop poser la question: " alors la Corse, île indépendante ou reliée au continent européen ? Continent à lui seul, ou bien ?". Je vais rester sur le "ou bien. N’émettre aucun avis sur le sujet si vous le voulez bien . Du coup, depuis que j'ai débarqué, je circule avec un énorme morceau de scotch sur la bouche pour ne pas laisser place à .... l'ultracrépidarianisme! Si on se croise, on pourra se faire un petit signe mais pas trop discuter. 

    Tout ça m'a permis de voir les choses différemment ! Tout le monde dit forcément : "oui la Corse, je connais j'y suis déjà allé". Sauf qu'il n'y a pas une Corse mais de multiples corses (j'espère que j'ai bon et que je ne dérape pas). Au tout début, à la débarque du ferry Mega Express II, avec la Transcontinental, on s'est jetés sur les fondamentaux. Enfin mes fondamentaux ! Les lieux que je connais, ceux qui rassurent quand vous voyagez ailleurs. On a filé sur Porticcio. Juste après la "plage d'argent". On a tourné sur la gauche vers le vieux pénitencier de Coti Chiavarri. Cette route est un des basiques du pilotage en Corse car souvent utilisée comme spéciale lors des rallyes. 

    Ça commence sous d'immenses eucalyptus qui déplient leurs branches en parapluie sur la route ! On se croirait au nord du Portugal. Rapidement, la route se dégrade franchement pour grimper jusqu'à une intersection. La Transcontinental encaisse le traitement. Alors oui, bien sûr les excès d'optimismes sont à proscrire. Mais en décomposant bien tout (freinage, mise sur l'angle, reprise des gaz pour bien l'asseoir sur ses suspensions puis accélération) la Transcontinental s'en sort carrément avec les honneurs sur ce chemin de chèvre. Ce qui me surprend, c'est au final le peu d'effort qu'il faut imprimer sur les guidons pour la basculer d'un angle à l'autre. 

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    Ensuite on est descendu plus au sud : Propriano, Sainte-Lucie de Tallano, Levie, Zonza et immanquablement le col de Bavella.. La route qui monte au col est superbe mais devient carrément somptueuse lorsqu'on bascule sur l'autre versant au niveau des bergeries. La météo était crasse mais l'atmosphère étonnante. Un fin crachin et partout des volutes de nuages que nous transperçons. Quelques torrents d'eau traversant la route ainsi que des pommes de pin ayant malicieusement roulé sur la route rendent la conduite plus intense. Le long des multiples cascades (Purcaraccia) et piscines (Pulischellu), avec la Transconti, on s'est gentiment laissés glisser sur la côte est, non sans avoir aperçu un tout petit bout des aiguilles de Bavella entre deux nuages, comme un clin d’œil pour nous dur de revenir. 

    Splendide mais un peu compliqué pour vous faire des images. Et la météo à venir ne semble pas être en notre faveur. L’avantage, c’est qu’en Corse, y’a toujours une solution, le moins pire semblant vouloir s’installer plutôt sur le nord. Le nord, le nord … mais attends, ça me fait penser à un truc de dingue. Le nord je n’y suis jamais allé. Pourquoi ? J’en sais rien. Peut-être par pur réflexe. Parce que quand vous descendez plein sud depuis Paris, même en Corse, c’est pas pour remonter au nord. Sans doute aussi parce que ce que je connaissais jusque-là était tellement beau que j’avais pas envie d’être déçu. Par bêtise ou simple confort mental quoi. Même si j’adore découvrir, ça peut m’arriver aussi. 

    Alors malgré nos 280 bornes de la journée, on a entamé une remontée épique. Vous me direz, pour relier le sud de la Corse au nord, il n’y a jamais que 220 kilomètres et ça se fait en 4 heures. Oui mais ça, c’est en passant par la cote est. C’est pas drôle. Par l’Ouest, il faut plus du double. Petit crochet par Solenzara, Porticcio, retour sur Ajaccio, petit crochet par le golfe de Lava histoire de bouffer une madeleine de Proust (quelques vacances passées là-bas à chercher les reste du fameux trésor marin composées de pièces d’or), et dodo à Carghèse. Demain la suite ! 

    Vous vous souvenez ? Je suis en Corse et j’ai fait dodo à Cargèse, à l’hôtel Saint Jean. En bord de route ! Ça ne paie pas de mine mais l’accueil y est chaleureux. Bon, j’avais aussi dit : pas d’avis sur la situation en Corse. Pas d’ultracrépidarianisme (avoir un avis sur tout, sans savoir vraiment, ce qui est souvent le cas). Je vousjure que j’ai tenu bon. Et jusqu’au bout … malgré les tentations qui me furent envoyées par le Malin. Car, au petit dej’, un type est entré au bar et a déroulé ses positions sur la Corse, avec force détails et force bouche aussi. Me jetant un coup d’œil de temps en temps pour voir si je réagissais ! La confiture de figue était juste excellente. Le pain tendre et moelleux. Je me suis dit : « tiens, et si je reprenais un œuf à la coque et de ces délicieuses crêpes ? ». 

    J’ai terminé ce festin, je me suis levé et dirigé vers ma chambre. J’étais heureux de reprendre le guidon de la R18 Transcontinental. J’ai fait mes bagages, tout rangé dans les valises (pratique ça de temps en temps), et suis retourné à la réception où j’ai été accueilli avec une parole étonnante de la part de la réceptionniste. « Vous m’êtes très sympathique Monsieur ! Vous avez le sourire le soir, vous avez le sourire le matin, ne changez rien » m'a-t-elle affirmé. 

    J’ai pris ce compliment. Sans réserve aucune, et j’ai savouré toute la journée. Vous voyez, j’en étais sûr : le bonheur appartient aux sages. Aujourd'hui, je découvre la Corse. Disons la Corse du Nord. Bah oui, jusque là, je n’étais jamais monté plus haut que Porto. J’ai pris la route vers Evisa pour grimper vers le col de Vergio par Vicco, Reno et Cristinace. On est très très loin de la carte postale « bord de mer » de la Corse. La route est ultra tortueuse, les chênes déplumés, c’est presque lugubre. Mais beau. Je dirais même somptueusement lugubre. Les vaches et cochons sauvages errent un peu partout. Ils retournent littéralement tous les bois aux abords de la route. Il paraît que le sanglier pullule. Quant aux troupeaux de chèvres, si vous avez de la chance, elles remontent la route dans le même sens que toi . 

    La Tour génoise de Niolu.
    La Tour génoise de Niolu.

    Les très nombreuses boulettes (non ce ne sont pas des bouloches de pneus corses même s’ils ont un sacré coup de guidon) vous avertissent en amont de leur présence. En revanche, si elles remontent à contresens, là, la rencontre est plus délicate. La montée jusqu’au col de Vergio est superbe. Culminant à 1.477 mètres, le col est lui-même dominé par un monolithe de granit rose, la statue du Christ Roi. Je lui aurais bien laissé un châle ou une petite laine car il y caillait sévère et les abords de la route étaient encore recouverts d’une neige fraîche. Avec la Transconti (j’ai décidé de raccourcir son nom pour qu’elle ait l’air issue d’une famille corse), on s’est laissé glisser de l’autre côté. 

    Franchement, j’ai halluciné de la facilité avec laquelle la R18 se laisse emmener du bout des guidons. Avec un peu d’habitude, je parviens même à ne plus faire frotter les repose-pieds. Certes au prix d’un mouvement de contre balancier du haut du corps, un poil ridicule mais, particulièrement efficace. Il n’y a que lorsque je suis un peu trop optimiste, que je dois redresser pour freiner franchement pour me ralentir et casser ensuite à nouveau la trajectoire, que les tétons des repose-pieds touchent. Franchement, le rythme que l'on peut lui imposer est bluffant. 

    Entre Castirla et Corscia, on a plongé dans les incroyables gorges du Niolu, aux teintes rougeoyantes ! Puis j’ai raccordé sur Saint Florent pour entamer la route qui contourne le Cap Corse par l’ouest. J’en suis sûr, je n’ai rien vu. Et pourtant, cette route est juste incroyable. Elle surplombe une côte escarpée, déchirée par les vagues avec, de temps en temps, de petits paradis de calme. Comme la plage de Negru, la marine de Cannelle ou encore l’authentique port de pêche de Centuri. Les villages perchés sont d’une authenticité rare et d’un vrai calme corse à cette époque. La route passe le long d’impressionnants caveaux familiaux. En regardant un peu plus fort, il me semble presque entendre la Paghiella, l’un des plus emblématiques chants polyphoniques corses. Je vousl’assure. J’ai flashé sur l’absolue beauté et aspect sauvage de cette corse là. Pourtant, je suis sûr que le fait de ne pas avoir eu le temps de traverser l’intérieur du Cap Corse fait que je n’ai encore rien vu. 

    Gentiment, sans forcer, avec Transconti, on est arrivés au Cap Corse. Au bout du bout, du bout. Face à nous, l'île de la Garaglia et son phare. Malgré les deux petits kilomètres qui nous en séparent, impossible de s’y rendre avec la Transconti. Remarque, le voyage est déjà beau ! 4005 km en 80 heures et 47 minutes et équipé du célèbre ensemble Dainese Antartica ultra chaud et étanche. 4 îles, soit 5 continents traversés avec la Transcontinentiles ! Plus que 800 kilomètres pour revenir sur Paris. Trois petits pleins avalés en sept heures sans jamais forcer. P…., c’est sans doute le premier road trip dont je ne reviens pas défoncé, bien qu’ayant filmé, photographié, roulé et en vous ayant écrit presque tous les soirs. J’espère que vous ne m’en voudrez pas. 

    Équipement essentiel

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    Casque modulable

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    Veste en Gore-Tex®

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    Pantalon en Gore-Tex®

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    Protection dorsale

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    Maillot technique

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    Collant technique

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