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    Un entretien informel avec le double champion du monde australien de SBK. Ce qui se passe dans la tête d'un pilote et comment se préparer pour en devenir un.

    Par DemoneRosso | 08 mai 2024 | 1 min

    Deux championnats du monde Superbike dans sa poche et une myriade d’histoires à raconter. Né en 1971, il est originaire de Wollongong, une ville de la Nouvelle-Galles du Sud, au sud-est de l'Australie. Sur une moto d’aussi loin qu'il s’en souvienne, Troy Corser est une personne vraiment terre-à-terre, un pilote de la vieille école avec une riche expérience allant du dirt track à la course sur piste en passant par le motocross.  

    Sa carrière internationale débute en 1992, avec deux participations au championnat du monde SBK, lors des derniers tests de la saison dans son Australie natale, à Phillip Island, et en Nouvelle-Zélande, à Manfeild. En 1993, il court uniquement dans son pays d’origine, où il devient champion national. En 1994, il partage son temps entre le championnat américain, qu'il remporte, et quelques exploits sur les pistes européennes, où commencent à arriver les premiers résultats importants : un podium à Mugello, d'autres à Donington puis de nouveau à Phillip Island, lors de la dernière épreuve du championnat. Troy se retrouve onzième au classement général, avec seulement trois manches disputées. 

    En 1995, c’est l'appel du championnat du monde à plein temps en Ducati : en fin de la saison, il est un excellent deuxième avec trois victoires à son actif. En 1996, toujours avec la Ducati 916, il est sacré champion du monde avec trois doublés, à Donington, Brno et Albacete, un nouveau succès en simple et de nombreux podiums. De 97 à 99, il remporte beaucoup d'autres victoires et classements et il termine trois fois de suite troisième en fin de championnat.  

    En 2000, passage chez Aprilia sur la toute nouvelle RSV Mille ; 2002 est une année de césure après la signature d'un contrat avec l'équipe Petronas, qui n'avait pas de moto prête à courir ; et en 2005, passage chez Suzuki, avec qui il remporte son deuxième titre mondial, démontrant que la classe ne disparaît pas même après quelques saisons en demi-teinte. Puis ensuite, ce sera Yamaha, BMW et enfin le retrait de la compétition, au terme du championnat de 2011. 

    Hier comme aujourd’hui, Troy Corser vit pour la moto. Son projet actuel est la Racing School Europe, une école de course située aux Pays-Bas qui aide les pilotes de tous niveaux, du débutant total au futur professionnel. En 2024 comme en 1996, année de son premier titre mondial, Troy est soutenu dans son activité sur piste par Dainese et AGV, et en tant que collaborateurs historiques nous avons eu l'occasion de passer une demi-journée ensemble et de discuter de sujets divers. 

    Commençons par ce qui peut paraître évident lorsque l’on regarde les courses à la télé. Que se passe-t-il dans la tête d'un pilote alors qu'il roule à 300 km/h ou plus ? Comment fais-tu pour te sentir à l’aise ? 

    En réalité, on ne pense à rien : si tu y es arrivé étape par étape, comme chaque véritable pilote, ton corps sait déjà ce qu’il a à faire. Je le dis toujours : nos muscles ont une « mémoire ». Intérioriser le geste te vient après des années et des années de pratique, le geste devient un automatisme. Il te suffit d’identifier la situation et ce qui se passe autour de toi, par exemple s'il y a d'autres pilotes. 

    Cela peut paraître absurde, mais avec une bonne préparation, il est possible de se sentir parfaitement à l'aise, et se sentir protégé ça aide, incontestablement. Paradoxalement, si on essaie de conduire sans casque, on ne va pas se sentir en sécurité, on ne réussira qu’à rouler au pas. Et il en va de même pour les gants, les bottes et tous les autres équipements. Par exemple, aujourd'hui, il m’est impossible de rouler sans protection thoracique. Si je ne l'ai pas, j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose, je m'y suis habitué et je la trouve indispensable. 

     

    Lorsque tu cours, penses-tu aux risques que tu prends ? As-tu peur parfois ? 

    Non, je ne pense jamais aux risques liés à la conduite, en tout cas pas pendant que je conduis. Dans des situations normales, il faut se concentrer sur le fait de donner le meilleur de soi-même, sur ce qu’il faut bien faire, sur le fait de « ne pas chuter », sinon tu n’obtiendras rien de bon. 

    De temps en temps, on peut parler de peur, mais je n’en éprouve pas pendant que je cours. J’entre en piste, je me concentre et j’y vais. Parfois, on se fait des frayeurs, ça oui, on n’est pas complètement inconscients. Cependant, je vois la peur comme quelque chose de différent, elle existe lorsque l’on fait face à l'inconnu, lorsque l’on fait quelque chose de dangereux, sans bien savoir ce que l’on fait ou sans être suffisamment préparé. Sur ce plan, comme je l'ai déjà dit, l'équipement est indispensable, se sentir protégé donne confiance, on se sent invincible. 

      

    Tu as abordé ton lien aux vêtements : comment a-t-il évolué depuis le début de ta carrière, il y a plus de 30 ans ? 

    L’évolution a été remarquable et sur de nombreux plans, même ceux auxquels on ne pense pas immédiatement. Par exemple, l’épaisseur du cuir de la combinaison, ou bien les coutures. Cela peut paraître anodin, mais avec les coutures d'aujourd'hui, la combinaison ou les gants ne s’ouvriront jamais lorsque l’on chute, alors qu'il y a des années, ça pouvait arriver. Ensuite, toutes les matières se sont considérablement améliorées, par conséquent les protections, même celles en plastique traditionnelles, sont plus légères, ergonomiques et en même temps beaucoup plus efficaces, c’est notamment le cas de la protection dorsale. 

    Les casques ont également fait d’énormes progrès. Moi j’ai eu beaucoup de chance dans le passé, tout s'est généralement bien déroulé et je n'ai pas subi de coups très violents à la tête, mais plutôt aux coudes, aux genoux, aux chevilles et aux mains, les impacts se produisent souvent à ces endroits-là. Dans la plupart de mes chutes, je me suis toujours relevé et remis à marcher sur mes deux jambes, ce qui veut dire que tout fonctionne bien. 

    D’ailleurs, je le dis toujours : si ta tête vaut 5 $, achète un casque à 5 $. Et ça s'applique à tous les vêtements. Achetez des produits modernes et de qualité, c’est absurde d'économiser sur votre propre vie. 

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    Et que penses-tu de l’airbag pour moto ? 

    Par chance, je n’ai pas eu à beaucoup l’activer. Le premier que j'ai essayé, c’était en fait une veste de route, pour une démonstration. La sensation de l’activation en statique avait été très étrange. Quand il s’active en piste, en revanche, tu ne t’en aperçois même pas. C’est lorsque tout est fini et que tu te relèves, que tu t’aperçois qu’il s’est gonflé. C’est là aussi et sans aucun doute un incroyable pas en avant.

    Quand j’en ai entendu parler pour la première fois, j’avoue que j’étais sceptique. J'avais peur que ça limite mes mouvements et qu'il soit impossible de bien le faire fonctionner. Et puis je l'ai essayé et j'ai dû changer d'avis, son développement a été rapide et efficace, aujourd'hui c'est un excellent produit. Chaque fois que j’entre en piste, je vérifie qu'il est prêt à fonctionner, je ne peux plus m’en passer. Le système Dainese D-air® est si avancé que j'ai du mal à dire ce qui pourrait être amélioré. Peut-être que l’on pourrait travailler à étendre la protection de l'airbag également à la partie inférieure du corps, à la zone des jambes et des genoux, qui aujourd’hui, n’est pas couverte. 

      

    Tu travailles en contact étroit avec des jeunes passionnés de moto et des pilotes. Quelle impression te donnent-ils dans leur approche du sport et en particulier du monde de la protection ? 

    Leur façon de voir est totalement différente de celle de ma génération et encore plus de celle des motards plus âgés. Les nouvelles générations sont nées avec des protections modernes, ce serait absurde pour eux de ne pas les avoir. Les jeunes d'aujourd'hui recherchent automatiquement la meilleure protection, pour eux, c’est bien de se protéger et de porter le meilleur de ce que propose le marché, c'est très positif.  

    En général, tout est plus professionnel. Je pense que la modernité nous a un peu éloignés de l'essence de la course moto, mais comme je le disais, elle a apporté des aspects positifs comme la sensibilité à la sécurité. Il y a aussi beaucoup plus de volonté à se consacrer à la préparation en général et à l'entraînement physique en particulier. Aujourd'hui, tout le monde s'entraîne et il ne pourrait pas en être autrement, car si on ne s'entraîne pas, on reste sur la touche. Honnêtement, quand je courais, je ne m'entraînais jamais : je conduisais ma moto et pendant mon temps libre, j'essayais simplement de rester occupé et actif, mais je n'avais jamais entendu parler de préparation physique et de salle de sport. 

     

    Parle-nous de ton projet actuel. 

    La Racing School Europe, ce n'est pas seulement de la conduite sur piste, c'est aussi une éducation à la sécurité, nous aidons à comprendre la moto sous tous ses aspects et le monde de la moto en général. C'était étrange pour moi, après 25 ans de carrière, de m'éloigner de la course et de commencer à regarder ce monde de l'extérieur, mais on s'y habitue et aujourd'hui, c'est mon quotidien. Nous travaillons avec des pilotes de tous niveaux, des débutants en moto jusqu'aux semi-professionnels qui participent à des courses. Tous les âges s’y retrouvent : cela va des tout jeunes jusqu'aux personnes âgées qui ne se lassent toujours pas de la moto. J’aime bien ça. 

     

    Au terme de la visite au siège de Dainese, le double champion du monde de Superbike Troy Corser s'arrête dans les bureaux et demande aux employés de faire une photo tous ensemble. Il est à l'aise, heureux d'être là, et on lui fait remarquer que ce sont normalement les jeunes qui demandent des photos aux champions, ce à quoi il répond par un sourire, en faisant un clin d’œil. 

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